The Go! Team à l'Ubu de Rennes
The Go! Team à Rennes (Ubu) le jeudi 24 mars 2011
"Wennes, Wennes, Wennes, we're a bit worried about you!"
Ninja en référence au pogo du premier rang.
J'aimerais pouvoir être objective et déjà, commencer par taire le « JE ». J'aimerais pouvoir écrire quelque chose de structurer, avec une ribambelle de références pseudo-savantes, qu'en fait, personne ne connait. J'aimerais pouvoir dire « on » comme pour dire que vous et moi on est potes, un peu, ou comme pour dire qu'on était encore cinq à en discuter là tout de suite et qu'on tombait bien d'accord.
Mais quand The Go ! Team sort son premier album, on était en 2004, autant dire l'enfance. A l'époque, les CD on les achetait, autant dire la préhistoire. Passé lointain où mes petites oreilles naïves s'inquiétaient de peu et s'étonnaient à peine de ce patchwork qui aujourd'hui me semblerait une prouesse d’excentricité. Cet album, il nous faisait juste rebondir : pog's-prem's-deuzz-malabar-minikeum-supermario, on en sortait à peine et on sautait encore. Les couettes, elles, dansaient au rythme des « Hé NaNaNa !! » de Ladyflash. Et finalement, il faut faire taire les lignes qui se tracent pour établir des rapprochements puisés dans une discographie naissante, se résoudre presque, à cette perpétuelle fraicheur d'écoute. L'érudition gêne, elle désacraliserait cet objet jaillissant de sa propre source : géniteur et rejeton des innombrables pièces qui le constituent, album-univers. Trois ans plus tard, les Go ! Team subissaient une fausse couche douloureuse, Proof of Youth avorton qui parviendra presque à nous faire bouder le groupe. La surcharge devient bouillie et impossible de savoir si c'est le trop écouté Thunder, Lightning, Strike qui rend pénible le flow et ses choeur aigües associés aux guitares agressives et mélodies fluettes. Rolling Blackouts, c'est la réconciliation sur l'oreiller : l'oeuvre que certains disent ultime renoue passionnément avec la génialité des débuts en surprenant. Les mélodies se frayent un chemin dans un orchestre débroussaillé, les chansons gagnent en indépendance : l'une dit merde à l'autre. Que les Go ! Team puissent un jour aller assez loin dans leur répertoire que sur le morceau Rolling Backouts, c'était presqu'insepéré.
Il y a des concerts où on se rend déjà convaincu. Et c'est un jeudi soir à l'ubu de Rennes. Il en faudrait peu 
encore pour dire déjà que la soirée sera mémorable. Enfin, il faut quand même se farcir May 68 en première partie (enterrez les années 80, enterrez-les!). On oublie tout de suite quand les Go ! Team rebondissent-bondissent-bondissent sur les planches, en rythme et en même temps. Biberonnés au champagne de papi Brossard, l'arche de Go ! Team se donne à coeur-joie sur un T.O.R.N.A.D.O décapant. Grip like a vice fait hurler toutes les ladiiiiies, yeaaaah ! Huddle formation réveille une armée entière de frissons qui envahissent les corps fébriles d'une foule en proie à la nostalgie euphorique. Le trio gagnant des trois titres issus de Rolling Blackouts, Proof of Youth et Tunder, Lightning, Strike ressemble à une belle parade d'introduction pour ce groupe rêvé, utopique presque. Chacun des membres prend le micro et chaque instrument monopolise son temps de notes (des deux batteries aux innombrables guitares et basses, de l'harmonica au banjo, de la flûte bricolée à … la machine à écrire). C'est la démocratie sur scène. Tout le monde ouvre sa gueule, c'est le bordel mais ça fait rêver. Sur Ladyflash il n'y a pas une seule personne dans cette putain de salle dont le visage n'est pas mangé par un large sourire. Quant à The Running Range, le morceau est porté par le ravissant couple afro-japonais de chanteuses qui résonne comme une seule et même voix citoyenne et on enregistre pour Bottle Rocket des records de condensation dans l'Ubu : les musiciens déversent des litres sur scène. Un joyeux bordel que les quatorze morceaux saturés à souhait ne suffisent pas à épuiser. Rappel à coup de slam et de jump ! Jump! Jump ! On leur glisse de ne pas se séparer, s'il-vous-plait, s'il-vous-plait mais quoiqu'il en soit : merci.
Setlist: 1. TORNADO 2. Grip like a vice 3. Huddle formation 4. Voice yr choice 5. Secretary song 6. Ladyflash 7. Running range 8. Ready to do steady 9. Yosemite theme 10. Flashlight fight 11. Buy nothing day 12. Bottle rocket 13. The power is on 14. Backlike 8 track
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