Interview w/ THE SUBS au Printemps de Bourges

Publié le par Nonotje

 

     Une interview avec les Subs ressemble un peu à un de leur concert : ça mélange plein de trucs, c'est drôle, parfois complètement débile, parfois agressif et tout le monde participe (il a fallu lutter pour que ne se soit pas eux qui me posent le plus de questions). De toute façon, ça passe décidément beaucoup trop vite. En une petite demie heure, on a essayé de se décider en quelle langue on parlerait pour finalement renoncer à choisir et mélanger français, anglais, flamand et même italien. Voici volontairement des bribes brutes, dans l'espoir que vous puissiez humer un peu l'atmosphère déconcertante de cet entretien fidèlement subversif.

 

« Au social club, je prends le micro, je pète et tout le monde fait WOUAH ! »

Highbloo

« In a way, we are the STOVERIJ ! »

Tonic

« En Belgique si tu tues, tu tues. »

Papillon

 

Hier vous êtiez à Nantes ?

Papillon : Avec un acceeeeent !

Tonic : 'ne west-flut ! (rires)

Papillon : 't was good hè ! 't was sold out !

 

La dernière fois que je vous ai vu c'était à Courtrai, au Kreun ?

Papillon : In Kortrijk ? C'est très différent maintenant.

Highbloo : C'était le premier concert avec le nouveau live … et avec moi !

Papillon : C'était un « try-out » donc c'est la première fois que tu joues les nouveaux morceaux, que tu utilises les nouveaux instruments, le nouveau set-up et les nouveaux musiciens. C'était vraiment le début ! Après on a retravaillé le lightshow et le côté visuel. On a même jeté quelques morceaux et on en a rajouté d'autres. Beaucoup de choses ont changé et pas seulement la confiance …

Highbloo : En fait dans l'ordi, c'est version 26. (rires) Et au Kreun on avait commencé à la version 7. Donc là tu arrives 19 versions après !

 

Et à Kortrijk, alors que vous parlez flamand, vous leur avez parlé en anglais !

Highbloo : Parce qu'on est habitués à parler anglais tout le temps.

Papillon : Oui c'est ça, mais aussi, parce que c'est stupide, si je leur parle en flamand, ils ne comprennent pas ce que je dis. Alors soit je parle en français, soit je parle en anglais. Et aussi les paroles sont en anglais, alors pourquoi ne pas faire tout le truc en anglais ? Tu vois c'est plus naturel. Tu peux dire « Ahhh mais tu es en Belgique, pourquoi est-ce que tu parles anglais ? » Mais ok, mais pourquoi est-ce que je chante en anglais, alors ! Helmut Lotti, lui il peut dire des trucs en flamand. Et puis, c'est étrange de parler en flamand sur scène : il y a des trucs que tu ne peux pas dire …

Highbloo : Put your hands up in the air !

Tonic : Steken jullie handen in de lucht ! (rires)

Papillon : Souvent, je dis « We're gonna do this one together ! » alors comment je dis en flamand « Het Volgende liedje doen wij samen ! » ? (rires) ou « Laten we te samen zingen ! » No, hè ?

Tonic : On dirait qu'on est dans un camp avec des gamins de 12 ans.

Papillon : Presque un truc catholique.

Tonic : La, la, la, la !

Papillon : Dans le chiro … Toi t'étais dans le chiro ?1

 

 

Non pas vraiment. (Ils me contraignent à raconter rapidement mon enfance, pendant que Highbloo tape sur Papillon avec tout ce qu'il trouve sur la table, mais je parviens à recentrer). En tous les cas à Kortrijk, c'est la première fois que je voyais des gens danser en Belgique.

Papillon : Mais non, chez nous c'est normal.

Highbloo : Il y a quand même un truc qui fait que le public en Belgique est plus dans une approche critique, quoi !

Tonic : Mais non, c'est parce que la Belgique, c'est petit, donc quand quelqu'un passe, tout le monde l'a vu, toujours, alors que les gens dans le sud de la France sont moins critiques parce qu'ils ont vu moins de choses. Quand tu vois beaucoup de concerts tu deviens plus critique, non ?

Highbloo : Je vois ce que tu veux dire … Mais les gens de Nantes par exemple, ils voient quand même plus de deux concerts par an !

Papillon : Moh nee, ça n'a pas de sens ce que tu racontes. En gros, tu dis que l'audience en France est plus enthousiaste parce qu'ils ne reçoivent pas beaucoup d'artistes cool. Le problème, c'est juste la Belgique, c'est comme ça.

En même temps, dans les festivals belges, c'est vrai que c'est un peu le contraire, le public est très chaleureux.

Papillon : Mais ouiii ! Et dans ces cas là, ils devraient être supercritiques parce qu'il y en a vraiment beaucoup des festivals chez nous : tu vois, ça n'a pas de sens ce que tu dis.

Bon c'est peut-être ma question qui n'était pas habile ?

Papillon : Ah non mais nous on se dispute tout le temps ! En fait, on se déteste … C'est là dedans qu'on puise l'énergie du groupe.

Tonic : En fait tu as raison, j'ai tort... Je crois que c'est plutôt la bière qui est trop forte.

Highbloo : Oui, ça c'est une influence beaucoup plus forte : l'alcool que tu bois ou les drogues que tu prends …

Papillon : … Et en France c'est vrai que c'est déjà un peu le sud. Genre en Italie, ils sont complètement fous ! Dans le sud de l'Europe, ils deviennent vraiment timbrés ? Mais de toute façon ça dépend aussi de la musique que tu apportes, si par exemple il y a de l'énergie dans ton son. Je sens une différence, dans le sens que si tu es connu, c'est facile. Mais le public, en France : on aime. Plus qu'au Pays-Bas …

Ah bon ?

The Subs : Rooooh !

Tonic : Non, c'est pas « pas aimer », c'est un esprit différent.

C'est parce que vous êtes belges !

The Subs : (rires)

Papillon : C'est peut-être qu'en France, on est plus connus, alors qu'aux Pays-Bas, si ils ne te connaissent pas ils ne s'intéressent pas.

Highbloo : Mais attends, en France aussi : la première fois que je suis allée au Social Club, tout le monde me regardait bizarrement, maintenant, il suffit que je pète dans le micro et tout le monde fait « OUAIS ! »

Tonic : Attends, à Amsterdam, c'est pas pareil, c'est une grande ville.

Papillon : En Belgique, si tu tues, TU TUES !! Moi j'ai l'impression, si tu fais quelque chose de bien en Belgique, ils comprennent tout de suite … Arf ! C'est vraiment que des impressions tout ça, c'est tellement subjectif.

 

Vous faites des festivals en Belgique cet été, vous y alliez quand vous êtiez gamins ?

Highbloo : Moi j'étais jeune … Bah encore maintenant ! Donc c'est cool !! (rires) Il y a deux ans, j'ai vu The Subs à Pukkelpop, ça c'est encore plus cool !! (rires) Et maintenant, je joue dans les Subs !

Tonic : Tu y pensais quand tu nous as vu jouer ?

Highbloo : Non ! Mais c'était le bordel. C'était le truc le plus bordélique que j'ai jamais vu. Normalement j'allais voir L.A. Riots et puis je suis restée 5 min et je vois que c'était le bordel là-bas, tout ce monde et ces fous-là qui faisaient des trucs... (rires) Donc je suis resté regarder les Subs.


 

J'ai vu un reportage sur Arte …

Papillon : C'était ok ? Parce que nous on l'a pas vu, mais l'interview n'était pas trop bonne.

Highblo : Ils ont pas mis beaucoup de l'interview je pense.

Ils ont dit que vous êtiez le « steak saignant de l'électro »1 !

Papillon : LES QUOI ? Oh my god ! Qu'est-ce que ça veut dire ?

Highbloo : Mais je ne sais pas ! Qu'est-ce que tu penses que ça veut dire toi ?

J'allais vous le demander...

Papillon : C'est positif je pense, moi j'aime.

Highbloo : Moi, j'aime le steak saignant, donc j'aime les Subs !

Tonic : Et il y avait une sauce aussi ? (rires)

Papillon : Sauce poivrée ! Bon, c'est mieux que de dire qu'on est les saucisses de l'électro. (rires)

Highbloo : You guys are the sausages of the electronics.

Tonic : Of de stoverij, parce que, in a way, we are the stoverij. Of de Martino !

Papillon : Steak saignant, c'est positif, mais pas trop, c'est pas le saumon non plus.

Parce que vous, vous vous décririez comme du saumon ?

Highbloo : Le truc le plus fou...

Tonic : Le barbecue !! (rires) C'est une fête.

Papillon : In a way, toute la musique électronique est un barbecue.

Vous, c'est particulier quand même.

Highbloo : Nous on est le rumsteak saignant sur le barbecue.


 

Mh … (rires) Revenons aux paroles, pourquoi certains morceaux ont-ils des paroles et d'autres non ?

Highbloo: (il chante) Paroles, paroles, paroles!

Papillon : Les paroles, pour la musique électro, c'est difficile. A la base, c'est instrumental et certains DJs refusent les vocals. Pour cet album, j'avais écrit énormément de paroles mais on a été très critiques et on en a beaucoup jeté à la poubelle. Même pour la pop, c'est délicat, ce que tu dis. Les belles paroles, la poésie, ça peut être beau, mais pas pour nous. J'aime les paroles énigmatiques, les grands songrwriters comme Leonard Cohen. Mais ça ne marche pas pour les Subs : il y a deux aspects, ce qu'on dit et comment le mettre en musique. Pour « Bang ! Bang ! Bang ! », on a tout coupé et il n'y a que ça qui reste. Si tu trouves des belles paroles c'est fort …

Highbloo : … et tu peux nous les envoyer !

Papillon : Tu nous donnes le summum.

Highbloo : On sera honnête de toute façon.


 

Je vais réfléchir. Dans une autre de vos interviews, j'ai lu que vous vouliez faire l'amour à la foule … et ce soir ?

Tonic : Tu seras dans l'audience ?

Oui.

The Subs : Aaah !

Et d'après vous les Subs, c'est une bonne musique pour faire l'amour ?

Papillon : Le deuxième album, c'est possible, mais c'est un peu lourd.

Highbloo : (avec une grosse voix) Non, c'est un bon album pour faire l'amour !

Papillon : Ca dépend du type d'amour.

Highbloo : Pour du sexy sex oui et sur Face of the Planet tu peux faire du love sex.

Tonic : Moi, je dirais les tracks 5, 6, 7, 8 et 9 …

Papillon : C'est bon pour un one-night-stand, c'est sur. Et sur quelle chanson aimerais-tu faire l'amour ?

Je ne sais plus quel est le titre de la chanson que j'ai en tête …

Highbloo : Tu l'as downloadé illégalement ?

Oui, oui mais je paye pour vos concerts …

Papillon : Attends, c'est bon, tu dois le downloader ! Chantes la chanson.

Too-too-too-too !

Papillon : Itch !!!

Highbloo : Cette chanson plait aux filles.

Je ne l'aime plus alors …

Papillon : Vous les filles, vous voulez toutes êtes différentes, ce qui est paradoxal. Pourquoi est-ce que tu ne dirais pas, je veux être comme tout le monde, ça ce serait original !

 

  En tous les cas, difficile de dire que les Subs sont comme tout le monde. Live reports:

A Courtrai, c'est ICI

Au printemps de Bourges, c'est LA

Et on retouve bientôt les Subs à Lille avec the Toxic Avenger et les Bloody Betroots.


 

1) Equivalent des scouts.

2) En réalité, la formulation était : « De Sexy Sushi à The Subs en passant par Ben et Béné, les révoltés du BPM rêvent leur techno aussi saignante qu'un steak. » Dans la même émission, Sexy Sushi parvient à convaincre la journaliste qu'ils ont, entre autre, suivis une formation de carossier (pour elle) et bts comptable (pour lui).

Publié dans Interview

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