Rainbow Arabia & Dan Deacon

Publié le par Nonotje

Rainbow Arabia & Dan Deacon @ Grand Mix (Tourcoing-Lille) le mardi 2011-04-05

 

 

P1100998      Rainbow Arabia, c'est un peu comme si Gang Gang Dance s'était décidé à faire de la pop. Arte, dans l'un de ses excellents reportages Tracks, les a rapproché de Crystal Fighters et Lemonade: pas moins !1 World music, tribal pop... Peu importe le nom, pourvu que l'influence des répertoires se face enfin dans le sens inverse. Pour Rainbow Arabia, tout a vraiment commencé avec leur second EP : une petite claque sur le web à base de bijoux bien séduisants qui ravivaient les envies de disco-party sur fond de motifs zébrés et tignasses en pétard : sauvage. L'album, Boys and Diamonds, sorti en 2011 confirme la tendance inscrivant définitivement le groupe dans les formations les plus en vogue du moment.2 Pourtant, ce n'est pas par le côté pop que le couple choisit d'introduire son œuvre ce soir. Le duo investit d'abord la scène du grand mix sous un angle presque psychédélique : Madame à gauche avec une guitare capricieuse qui miaule et couine et Monsieur tout à droite balançant, imperturbable, une flopée de rythmiques envoutantes. Puis, encouragés ils se lancent dans les tubes de leur dernier opus. Tiffany tantôt agenouillée, tantôt dansante, tantôt gambadant au beau milieu du public, nous impressionne finalement surtout pour sa voix, divinement primitive.

 

     Dan Deacon commence par installer sa table de mixage non pas sur scène, mais juste devant, à hauteurP1110009 du public et sans séparation. Ensuite, alors que les lumières sont encore allumées et qu'une musique d'ambiance est encore diffusée, il lance un peu de son, arpentant les lieux de toute sa malicieuse nonchalance comme s'il préparait quelque chose. Le public étant venu s'agglutiner autour de son petit théâtre, il se lance dans un récit délirant qui évoque un chien et d'autres anecdotes improbables. Puissant chaman plein d'humour il demande à son audience d'inspirer profondément, de fermer les yeux, d'effectuer des rotations de la main gauche, puis de se lancer dans un décompte : 10, 9, 8 … A zéro, ses adeptes se lancent dans un sacrifice de leur corps le plus démentiel sur fond de saturation rythmée et envoutante. Perte de contrôle ? Le maître ordonne de projeter un cercle de lumière au milieu de la salle, repoussant la foule jusqu'au mur où il s'arrête près d'une des spectatrice ne s'étant pas adonnée au rituel dansant et la gratifiant d'une petite pique : « this young lady enjoying her communication with her friends ». Elle pianotait tranquillement sur son téléphone, mais jeune fille, pour Dan Deacon, tu danses ou tu sors. Au centre de l'arène, il plante deux volontaires les invitant à un combat de danse. Une escalade commence de jeux et défis plus inédits les uns que les autres et débattus par les fidèles y mettant volontiers leur grain de sel. La mise en scène prenant le pas sur la musique, pourtant excellente, Dan Deacon explose de rire, réalisant combien il est allé loin et s'en moquant royalement « This show is already fucked up ! »


 

 

 

 

 

 

 

1Et bien sûr, Omar Souleyman, influence majeure du groupe.

2« Le style du groupe a beaucoup évolué depuis ses débuts ? Complètement ! Nos premiers disques étaient très bruts et lo-fi, composés de rythmes empruntés à la musique arabe traditionnelle. Ca reflétait littéralement et de manière très primitive le nom du groupe. Notre second EP Kabukimono, était déjà plus influencée par la musique tropicale et la new wave. La production était plus structurée et les beats plus puissants. Notre premier album, Boys and Diamonds, poursuit logiquement cette évolution, tout en prenant un départ pour une autre terre, dans une autre dimension. » New Noise n°3, mars-avril 2011

Publié dans Live Report

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